Question de Maryse :
Bonjour Geneviève,
J'ai perdu ma maman, âgée de 84 ans le 26 juin dernier.
Jusqu'à maintenant, le deuil s'est opéré progressivement mais il y a un point sur lequel j'ai vraiment du mal à passer et pour cause, je me sens coupable et je ne me pardonne pas.
Je m'explique :
J'ai 51 ans et mère de deux grands enfants (18 et 21 ans). J'habite dans une région assez éloignée de la région où habitait ma mère. Depuis plus de 20 ans, nos rencontres se faisait 2 ou 3 fois par an.
Eloignée d'elle, et du fait que je n'avais pas suffisamment de temps...ou que je devais m'occuper de mes enfants...(par égoïsme...) je ne lui ai pas accordé suffisamment de temps ou de moments comme elle aurait souhaité, aurait aimé, aurait apprécié.
Lorsque j'étais adolescente et jeune fille, j'aurai tant voulu l'aider. Soumise à un mari, étant peu intellectuelle, non autonome financièrement, pas de permis, .... Je voulais la faire bondir, partir, choisir une autre vie....mais c'était sans compter sur le fait que cela était au dessus de ses forces. Elle ne pouvait le comprendre, l'entendre, l'accepter et surtout OSER, et choisir un autre chemin par peur de se perdre.
Plus tard, de part le fait qu'elle ne souhaitait toujours pas évoluer, (apprendre l'informatique, lire, avoir une activité de tricotage...., un loisir...) j'ai manqué à l'envie de m'en occuper davantage, et de la prendre à ma charge. Cela aurait été trop lourd sur le plan individuel et familial.
Depuis 2 ans, et dans la mesure où il ne lui était plus possible de se déplacer, tant sa maladie était grandissante, handicapante et douloureuse, Je me rendais pendant 4, 5 jours à ses côtés tous les 2, 3 mois. Dés lors, c'était elle qui ne pouvait plus profiter de ces journées normalement et mes propositions de sorties arrivaient bien tardivement et ne pouvait plus se réaliser.
Aujourd'hui, malgré ce constat, je ne peux m’empêcher de me culpabiliser et de ne pas avoir pris le temps sur ma vie pour essayer de l'aider. Lui trouver des solutions, la tirer encore plus, la sortir plus tôt des griffes de mon père… !
Etait il là mon rôle ? L’ai je manqué ?
Je me pose ces questions qui me font très mal.
Que faire ? Sur le plan de l'EFT, je prends un peu de distance lorsque je fais le point karaté sur ces ressentis. Mais ces pensées reviennent au galop et je me culpabilise de nouveau.
Merci
Maryse
Bonjour Maryse,
Il est toujours douloureux de perdre un être cher et l'on aurait souvent voulu être plus souvent là pour lui.
Parallèlement chacun a son histoire et ses expériences à faire dans la vie. Chacun a également un regard sur lui-même, sa propre situation... et celle des autres. Mais cette dernière ne le regarde pas.
Si j'ai bien compris, vous auriez souhaité que votre maman quitte votre père et elle a choisi de rester avec lui. Chacun est responsable de ses décisions.
Vous avez tenté de faire tout ce qui était dans vos possibilités pour l'aider à sortir de cette situation et il apparaît qu'elle ne le voulait pas ou n'était pas prête pour cela. C'est ainsi !
Voulait-elle vraiment être aidée ?
En tout cas, elle a dû se sentir soutenue.
On ne peut sauver personne, à part soi-même et les choix des autres ne nous appartiennent pas.
Vous auriez également voulu passer encore plus de temps avec elle.
Et maintenant que faire pour vous libérer de la " culpabilité " que vous ressentez ?
Je mets " culpabilité " entre guillemets, car pour moi, être coupable de quelque chose, ça serait de l'avoir fait avec l'idée de nuire... Je ne vois pas cela dans votre récit. Mais bon, tout ceci est mental mais méritait d'être dit, je pense.
Vous pouvez travailler dans l'instant, sur tout ce que vous ressentez par rapport à ce sentiment de culpabilité, en étant la plus précise possible. Dire " même si je me sens coupable..." ne vous apportera rien ou ne permettra que de diminuer de quelques points votre ressenti qui se regonflera aussitôt... car la culpabilité n'est pas le vrai problème.
Si je reprends ce que vous avez énoncé plus haut. Notez s'il vous plaît, que cela ne veut pas dire que je me moque de cette situation mais seulement que je vous invite à regarder les choses différemment, sans ce filtre de culpabilité qui occulte d'autres choses, je vous inviterais déjà à tapoter des phrases comme :
" Même si je n'ai pas réussi à sortir ma mère de cette situation contre son gré... "
Ou
" Même si je n'ai pas réussi à laisser ma vie de femme et de mère pour plus aller m'occuper de celle de ma mère qui ne souhaitait pas d'aide... "
Je pense que votre " culpabilité " ne tiendra pas longtemps... Peut-être a-t-elle même déjà fondue, rien qu'en me lisant.
Notre principale responsabilité est de nous occuper de nous-mêmes et de nos enfants tant qu'ils ne peuvent le faire eux-mêmes.
Vouloir s'occuper des autres à notre détriment dénote autre chose.
Vous pourriez alors vous demander :
— Qu'est-ce que je pense de moi dans cette situation ?
— Qu'est-ce que je pense que les autres pourraient penser de moi dans cette situation ? En quoi cela me touche ?
— Qu'aurais-je pensé de moi si j'avais réussi à la sortir de cette situation ?
— En quoi cela aurait été important pour moi de penser cela ? Pourquoi ? Pour qui ? Pour quoi ?
Il ne vous restera plus qu'à tapoter sur tout ce vous pourriez juger désagréable dans les réponses à ces questions.
Rappelez-vous d'être précise dans la construction de vos phrases.
Voilà pour la partie du travail qui peut éventuellement être abordée en solo. Cela vous apportera certainement déjà quelques éclaircissements.
Si vous n'étiez alors pas suffisamment apaisée, il serait inévitable de remonter dans votre petite enfance pour traiter l'origine de ce problème.
C'est une démarche que je ne vous conseille pas de faire seule. Vous préférerez consulter un de mes étudiants certifiés, présent dans mon annuaire de praticiens, qui vous accompagnera en douceur.
Prenez soin de vous.
Geneviève